Z comme Zinkoff
Jerry Spinelli (L’École des loisirs, collection Neuf)
Loser, traduit par Jérôme Lambert
Quand j’ai appris que ce livre avait reçu le Prix Sorcières 2008 dans la catégorie romans 9-12 ans, ça a attisé ma curiosité. Je suis donc allée à la petite bibliothèque de mon village où, bizarrement, il était rangé avec les livres pour ados (maintenant que j‘ai fini le livre, je ne comprends toujours pas pourquoi d’ailleurs). On suit donc dans cette histoire le jeune Donald Zinkoff, de son entrée en CP jusqu'à son entrée en sixième. Et on est témoin de tout un tas de choses dans sa vie : son premier jour à l’école bien sûr, l’arrivée de sa petite sœur Polly, les amitiés, certaines courtes (Andrew, le voisin arrogant, Hector, le camarade de classe qui collectionne son cérumen pour faire une bougie), certaines peu ordinaires (Claudia, la petite fille « à la laisse », la vielle femme rencontrée sur la tournée de facteur de son père). Donald n’est pas comme les autres, ça se sent tout de suite. Les instituteurs et le corps médical lui auront tout de suite collé une vignette; peut-être « hyperactif », peut-être (sûrement) pire. Mais Spinelli fait le choix ici de ne justement pas mettre de vignette. A la place, il le décrit comme un enfant comme les autres avec une légère tendance à être un « peu trop » ou « un peu plus » que les autres, que ce soit sa gaieté (son fou-rire à chaque fois qu’il entend un mot rigolo), son ultra-politesse envers ses instituteurs, ses réactions très exagérées (lorsque son équipe gagne leur match de foot par exemple), etc.. Ce que Spinelli décrit très bien, c’est l’amour et la patience de ses parents envers lui et sa totale confiance en eux; plusieurs fois, leur dévotion m’a mis les larmes aux yeux. Il décrit aussi la cruauté des autres enfants … mais est-ce de la cruauté ou juste une inhabilité à comprendre la « différence » de Donald ? Quoi que ce soit, quelque fois on grince des dents pendant la lecture, on veut tourner la tête, regarder dans une autre direction. Donald, lui, a du mal à voir le mal, il ne voit pas que les autres se moquent, ou s’il voit il évite d’y penser, et quelque fois, cela rend la lecture difficile, on se sent le cœur un peu fendu. Mais il y a beaucoup d’espoir dans ce livre ; à la fin, on sent que sans être compris, Donald pourra peut-être être accepté, ou du moins ne pas être complètement ignoré par ses pairs. C’est une lecture très émouvante, jamais sentimentaliste, jamais moralisatrice. On espère que ça aidera les jeunes lecteurs à comprendre et accepter la différence de certains et surtout que ce n’est pas une mauvaise chose. Un très beau livre d’un auteur plein de talent qui passe souvent assez inaperçu ici.
Ils en parlent également: Librairie Comptines et Kidélire
Prix Sorcières 2008, catégorie romans 9-12 ans